Dans nos sociétés modernes, il est de plus en plus question des effets délétères de notre mode de vie sur la santé. Deux termes reviennent souvent dans les débats : sédentarité et inactivité physique. Si on les confond souvent, ils désignent pourtant deux réalités distinctes – mais complémentaires – aux conséquences graves sur notre santé. Faisons le point.

Comprendre la différence

L’inactivité physique désigne le manque d’activité physique suffisante, c’est-à-dire ne pas atteindre les seuils recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en termes d’activité physique:

  • Pour les adultes : au moins 150 à 300 minutes d’activité physique d’intensité modérée par semaine, ou 75 à 150 minutes d’intensité soutenue (ou une combinaison des deux) [OMS, 2020].
  • Pour les enfants et adolescents (5-17 ans) : au moins 60 minutes d’activité physique modérée à soutenue par jour.

Une personne est donc considérée comme « active » si elle fait du sport régulièrement… même si elle reste assise le reste de la journée.

La sédentarité, quant à elle, renvoie au temps passé assis ou allongé (hors sommeil) ou statique debout, avec une faible dépense énergétique. Cela inclut les activités comme travailler à un bureau, regarder la télévision, être dans un véhicule ou sur un écran. On parle de comportement sédentaire à partir de 7 heures assises par jour, avec un risque accru dès 8 à 9 heures [INSERM, 2019].

Ainsi, une personne peut être « active physiquement » et sédentaire en même temps, si, par exemple, elle fait une heure de sport le matin mais reste assise 9 heures dans la journée.

Pourquoi cette distinction est essentielle ?

Parce que les deux comportements ont des impacts indépendants sur la santé.

  • L’inactivité physique est associée à une augmentation du risque de maladies chroniques comme :
    • maladies cardiovasculaires,
    • diabète de type 2,
    • certains cancers (notamment du sein et du côlon),
    • dépression,
    • surpoids et obésité.
  • La sédentarité, même chez les personnes physiquement actives, augmente indépendamment le risque de :
    • mortalité prématurée,
    • troubles musculosquelettiques,
    • baisse des capacités cognitives,
    • troubles métaboliques.

Selon l’OMS, l’inactivité physique est responsable de plus de 5 millions de décès par an dans le monde [WHO, 2020].

En France, selon l’étude Esteban (Santé publique France, 2017), 70 % des adultes ont un niveau de sédentarité trop élevé et 25 % ne pratiquent pas suffisamment d’activité physique [Santé publique France, 2017].

Une approche complémentaire : bouger plus

Pour améliorer sa santé, il ne suffit donc pas de « faire du sport ». Il faut aussi :

  • Réduire le temps passé assis dans la journée,
  • Fractionner les périodes sédentaires, idéalement toutes les 30 minutes (se lever, marcher, faire quelques étirements…),
  • Intégrer plus de mouvement dans la vie quotidienne : marche active, escaliers, trajets à vélo, pause dynamique…

Une méta-analyse parue dans The Lancet (Ekelund et al., 2016) a montré qu’au moins 60 à 75 minutes d’activité modérée par jour peuvent compenser en partie les effets délétères d’un temps assis prolongé… mais que l’idéal reste de réduire à la fois l’inactivité et la sédentarité.

En résumé

Inactivité physiqueSédentarité
DéfinitionNe pas atteindre les recommandations d’activité physique, soit 150 min par semaine d’activité physique d’intensité modérée pour les adultesTemps d’éveil passé assis, allongé ou statique debout avec une très faible dépense énergétique
ExemplesPeu de déplacements actifs (marche, vélo), pas de sportBureau, voiture, télévision, écrans, sans pauses actives
ConséquencesRisques cardio-métaboliques, mortalité accrueRisques métaboliques, cognitifs, mortalité prématurée

Pour aller plus loin

  • Recommandations de l’OMS (2020)
  • Étude INSERM, 2019 – Inactivité physique et sédentarité en France
  • Enquête Esteban – Santé Publique France (2017)
  • The Lancet, 2016 – Ekelund et al.